Mehdi*
Pour nous c’est Mehdi Naïli, le jeune homme au nom exotique qui passe, repasse et surgit sur le champ de bataille à chaque moment : soit un concours, soit un atelier blog, soit une activité de la section bilingue. Il est professeur, chauffeur, animateur de club théâtre, organisateur du FTLF, etc. Il est arrivé au milieu de l’année, et – malheureusement – il n’enseigne pas le français avec notre groupe. Nous profitons de l’occasion de sa visite dans notre classe pour lui poser des questions pour mieux le connaître…
Mehdi et sa profession
E: Pourquoi voulais-tu être prof ?
M: En fait avant d’être prof, j’étais animateur dans une association et je mettais en contact entre autres des écoles de plusieurs pays d’Europe pour qu’elles travaillent ensemble, pour qu’elles développent des projets éducatifs, et c’était un boulot super intérassant, mais j’étais un peu frustré, parce que je ne rencontrais qu’une fois par an les écoles avec lesquelles je travallais. Comme je voulais être en contact quotidien, permanent, avec les autres enseignants et les élèves, j'ai chois de devenir prof.
E: Jusqu’à quand tu comptes continuer ce métier ?
M: Tant que je me sens utile, tant que j’ai la conviction et la passion, je continuerai.
Je pense que pour faire le métier du prof, il faut en avoir envie.
E: Tu as enseigné à des élèves de quel âge à l’étranger ?
M: Alors... en Géorgie j’ai travaillé à l’école franco-géorgienne et les enfants avaient entre 10 et 15 ans et j’étais également professeur à l’université, et les étudiants, les étudiantes, – parce qu’il y avait un seul garçon dans toute la section française – ils avaient entre 18 et 23 ans.
E: Quelle était ta matière préférée à l’école ?
M: Ca a toujours été les langues étrangères.
E: Combien de langues parles-tu ?
M: J’en parle bien quatre aujourd’hui : français, anglais, allemand, espagnol, et en fait, à chaque fois je vais à l’étranger, dans un autre pays, j’essaie d’apprendre la langue, donc je parle aussi un petit peu d’autres langues des pays différents dans lesquels j’ai été.
Mehdi et
E: Avant de venir en Hongrie est-ce que tu t’es informé sur les événements politiques, les conditions politiques en Hongrie ?
M: Alors c’est une bonne question, c’est quelque chose qui m’intéresse toujours. Mais là, j’ai été pris de court, parce que je n’ai matériellement pas eu le temps de préparer mon arrivée ici, tout de suite après
E: Tu connaissais déjà
M: J’ai été deux fois en Hongrie avant de venir à Pécs. Une fois, alors que je me rendais en Roumanie, j’ai fait une étape de camping au lac Balaton, et en revenant de Roumanie je suis passé par Budapest, où je suis resté 2 jours, pour avoir un aperçu de la ville, aller au bain aussi, c’était super.
E: Tu connais des hongrois célèbres ?
M: Ah... Alors... Oui, bien sûr. Je connais Leőwey Klàra.
E: Qui était-elle ?
M: C’était une femme célèbre hongroise, qui s’est beaucoup battu pour que les femmes aient accès à l’éducation. Voilà, en Hongrie elle a joué un rôle important.
E: Et encore ?
M: Hmmm….
E: Est-ce que tu as vu les monuments de Pécs ?
M: Alors…. J’ai pas encore eu le temps de me balader beaucoup, mais jeudi dernier j’ai fait une petite promenade dans la ville et j’ai vu beaucoup d’églises, et des mosquées aussi. Il m’a semblé voir trois mosquées. Il y a beaucoup de petites places comme ça. C’est ter...tér. Et voilà, c’est mignon toutes ces places. Et le centre ville est intéressant avec les rues piétonnes, avec les pavés et les bâtiments anciens. Donc, il faut que je m’intéresse à l’histoire de la ville, d’ailleurs je sens qu’il y a un potentiel culturel.
E: Qu'est ce que tu penses de notre école ?
M: J'ai une bonne impression sur l'école. Elle est grande, bien structurée. Les élèves ont un bon niveau.
E: Tu ne te sens pas seul ici ?
M: Pas pour l’instant, maintenant je suis très concentré, occupé au niveau du travail et au niveau des études, parce que je continue des études par correspondance, donc j’ai beaucoup de travail. Mais je sais que c’est important, quand on arrive dans un nouveau pays… de socialiser… avec les gens… et pour se sentir bien et pour se sentir un peu chez soi… c’est pour cela que je vais au théâtre cet après-midi pour sortir un peu, rencontrer d’autres personnes. Je vais commencer l’Aikido, c’est l’occasion aussi pour rencontrer des gens.
E: Que penses-tu des Hongrois ?
M: Ah, question piège…je ne connais pas encore les Hongrois, je suis là depuis deux semaines, c’est un peu court pour avoir une opinion, mais bon, globalement ceux que je connais, ceux que j’ai rencontrés, les élèves ou les profs, sont sympathiques. J’aime beaucoup les profs, on rigole bien avec eux.
E: En arrivant quelles étaient tes premières impressions ?
M: Je vais vous raconter une anecdote : je suis arrivé le 31 décembre, la veille du Jour de l’An. Je suis arrivé depuis
E: Est-ce que tu as de mauvais souvenirs depuis que tu es ici?
M: Pour l'instant, ça va, j'ai pas été choqué, j'ai pas eu de mauvaises aventures.
Mehdi et la gastronomie
E: Sais-tu faire la cuisine ?
M: Même les hommes savent faire la cuisine, s’ils le veulent bien. Moi j’adore manger donc je suis obligé de savoir cuisiner. Ma spécialité c’est la tartiflette, un plat savoyard à base de pomme-de-terre et de fromage, bien costaud.
E: Est ce que tu connais quelques plats hongrois ?
M: Je mange tout les jours à la cantine, donc je mange des choses hongroises. Il y a souvent des soupes et on a testé une purée de courge, je crois, purée de courge avec des petits pois dedans. Laurent a dit que c’est assez typique. J’ai oublié le nom. Oui, c’est de la pomme-de-terre mélangée, je crois, moulinée. Et sinon, on a parlé d’une tartine de gras au sud... mais je n’ai pas encore goûté.
E: Tu as goûté déjà les vins hongrois ?
M: Non, je n’ai pas encore goûté le vin hongrois. Vous avez un vin qui est reputé mondialement, le Tokaji, oui c’est ça. Donc il faut que je le goûte. Il faut que je le goûte pour voir ce que c’est. Je suis sûr que je vais l’apprécier.
E: Quel est ton fromage préféré et comment manges-tu le beefsteak ?
M: Ah, question culinaire. Mon fromage préféré, c’est dur. Je dirais „le reblochon” qui fait partie de mon plat préféré : la tartiflette. C’est un fromage à croûte, plat, rond et très coulant à l’intérieur. C’est un fromage à croûte, mais bien fait et coulant. C’est un goût particulier, ça ne ressemble pas au camembert, à aucun fromage, c’est particulier. Le steak, je le mange bien cuit, je n’aime pas la viande saignante.
Mehdi et la culture
E: Quel est ton livre préféré ?
M: Mon livre préféré, alors celui qui m’a marqué le plus, c’est 1984 de Orwell, c’est un roman scientifique qui nous décrit une société parallèle, une société alors tellement loin de la réalité et en train de devenir réelle pour les gens. Un grand roman visionnaire.
E : Est-ce que tu connais «
M: Ah, oui. Oui, ça fait partie des films qui marquent en fait. Je l’ai vu cinq ou six fois, et j’adore ce film. Il est violent.
E : Tu as raison, c’est un bon film.
M : Ah, vous l’avez vu aussi ! En version originale, en français sous-titrée?
E : Oui.
M: Très bien.
E : Oui, parce que toi personnellement, ta carrière donne un contre-argument à ce film. Non ? Troisième génération d’immigrés ? Par contre, ce film veut dire qu’il n’y a pas de choix pour les enfants d’immigrés.
M: Mais je suis plus positif, positiviste. J’ai pas la même analyse. Mais j’aime ce film parce qu’il traîte d'une réalité pesante en France qu’on peut quand même souvent oublier, qu’on montre surtout pas à l’étranger, mais c’est
E: Peut-on dire que
M: Oui, car c’est un film qui m’a marqué. „Le fabuleux destin d'Amélie Poulain”, je l’aime beaucoup aussi, parce que je suis un peu naïf, un peu fleur bleue aussi et ce film parle des petites choses de la vie qui sont si importantes. Donc j’aime beaucoup ce film aussi.
E: Qu’est ce que tu penses du racisme en France ?
M: Alors, ça, c’est ce qu’on appelle une question avec une affirmation derrière, parce que par cette question, tu veux dire qu’il y a du racisme.
E: Mehdi, il y a du racisme en France !
M: Deux réponses. Je n’ai pas vécu et je ne vis pas ce problème comme mes parents l'ont vécu ; par exemple, mon père en a beaucoup souffert en France. Il avait six mois quand il est venu avec ses parents, son intégration à lui a été plus difficile. Lui, il a dû travailler dur. Il y a 30 ans, les gens étaient moins ouverts, je pense. Je ne sais pas si on peut raconter ça ou pas, mais en deux secondes... il a plus souffert des remarques, des mauvaises plaisenteries des gens racistes. C'est arrivé tout le temps et c’était une réalité plus ou moins dure. Sa réponse a été : il faut s'intégrer, il a changé de prénom, son vrai nom est Charif et il s’est fait appellé Richard, pour être plus intégré dans la société. Il y a plein de choses comme ça. Sur mon nom il y a un tréma, mes parents eux ne mettent qu'un point, parce que c’était plus français. /Médi/ ou /MeHdi/. Bon. Moi, j’ai grandi normalement avec mes camarades et depuis tout petit, je n’ai qu'un contre-exemple de gens un peu bêtes, mais sinon aucun problème pour le travail pour la vie de tous les jours. Au contraire: je vis ce métissage culturel comme une richesse. Vraiment. C’est ce qui me porte pour aller dans d’autres pays pour aller découvrir d’autres richesses, d’autres cultures, parce que je trouve ça vraiment intéressant. Parce que je me sens plus riche d’être différent.
D’autres infos sur Mehdi
E: Tu voyages beaucoup. Quel est ton pays préféré ?
M: Mon pays préféré ?... Honnêtement, j’en ai deux en fait.
E: Parlons un peu de ton passé. Es-tu né en France ?
M: Je suis né à Aix-les-Bains donc la ville où il y a ce fameux lac de Lamartine. Le lac du Bourget, le plus grand lac naturel de France. Le plus grand lac. Je suis né en France d'un père d'origine algérienne et d'une mère d'origine savoyarde.
E: Quel genre de musique tu aimes ?
M: J'aime la reggae, le trip-hop et le rock alternatif francais.
E: Si tu pouvais choisir, tu irais au bord de la mer ou dans les montagnes ?
M: Tout de suite dans les montagnes, c’est incroyable. Beaucoup de gens le disent quand on est né dans un endroit, quand on a grandi dans un endroit, quand on est habitué à certain paysage soit la mer, soit la montagne. On est souvent attaché à ce paysage. J’ai grandi avec les grandes montagnes des Alpes tout autour, et maintenant c’est un besoin.
E: As-tu des animaux ?
M: J’ai grandi parmi des animaux, parce que j’étais à la campagne. Un petit village, à l’époque : 800-900 habitants, des vaches partout, des champs. Mes parents avaient un grand jardin, un grand verger, un grand champ avec des moutons, avec des chèvres. J’avais des canards, mes propres canards, mais ils ont tous été mangé par un renard. Il y avait des poules, un chien bien sûr, un berger allemand, un grand chien, noir et marron... et des chats. Mais aujourd’hui je n’ai plus d’animaux, mes parents non plus. Mon sac-à-dos est trop petit pour ramener une vache !
E: Comme tu fais du sport, as-tu déjà eu des accidents graves ?
M: Alors je touche du bois, non, pas d'accident, pas de gros accident, juste des petites choses."
* entrevue réalisée par la classe
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